50 ans après la création de BENA, que reste-il ?
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50 ans après la création de fondation BENA par Xavier et Ma, mes parents. Que reste-il de cette fondation intellectuelle et naturelle ?
Visiblement il y a un gite le Mas Franc très apprécié pour son accueil dans lequel nous sommes reçus fort chaleureusement. Il y a le groupe Béna https://www.groupebena.org/ qui a un site fort bien fait diffusant l’oeuvre de Xavier.
XS fait partie des penseurs des crises à venir. Optimiste, il pensait l’histoire universelle comme un récit qui serait comme une série télévisée, dans laquelle la venue l’humanité (anthropocène, homminescence) constituerait la seconde saison du grand récit de la création partant de la création de la matière, suivi de la création de la vie, de la création de la pensée et il n’y aurait pas de troisième saison.
La fin du récit vient de ce qu’il conduit au dévoilement par l’humanité du sens de la création ; c’est le dénouement de la série.
L’anthropocène serait donc la seconde saison de la série, elle se compose en phases successives de grands changements de la planète : la mondialisation, l’amorisation, et enfin le dévoilement pour tous du sens de la création.
L’étape actuelle serait celle qui suit la mondialisation. Elle est celle de l’émergence de l’amorisation qui se signale par l’émergence d’une écologie politique imposant le respect de la bio-diversité, le respect des autres, et donc en particulier de la fin de l’androcène. Vu l’état de la planète, il faut désormais aller assez vite vers la scène finale de la série qui est la compréhension globale du processus de création.
Dans ses livres, XS parcoure le récit la création de alpha à oméga. Se créent successivement l’espace et le temps, la matière, l’information, le codage du vivant par l’ADN, la pensée sous toutes ses formes, le langage, la technique, la société technicienne. Mais il regarde le film aussi de omega vers alpha en se demandant ce qui fait que la création (dévoilée ou révélée) n’est pas pour l’homme une affaire de croyance mais de science.
Sa réflexion suit donc deux mouvements : tout d’abord une approche ascendante. Amateur éclairé des sciences, XS s’informe quotidiennement de tous les progrès de la physique et de la biologie. Spécialiste de la dissuasion militaire, il réfléchit comment la “métamort” annoncée de l’humanité serait la condition nécessaire de sa métamorphose.
Il tient une approche descendante dans sa théorie du sens car il réfléchit à la manière de ramener la formalisation du sens à celles de l’espace, du temps, du codage du vivant, de la raison, et finalement à celles de la géométrie, de l’arithmétique et du hasard. Cette intuition demeure actuelle mais XS ne disposait pas des mathématiques pour la mettre en bonne forme.
Les travaux mathématiques d’Alexandre Grothendieck sur les topos formalisent la production de l’espace, du temps vont y remédier. Notons que AG a une vision philosophique originale de la relation entre création et créativité. Pour lui la créativité est donnée aux enfants à leur naissance pour que l’espèce survive. Cette créativité est suffisante pour la survie d’une humanité malmenée par les humains dominants qui ne pensent qu’à conserver leur domination sur les autres.
Revenons à la fondation Béna, ce grand récit XS de la création peut-il avoir une fin heureuse ?
Une “écologie politique” peut-elle émerger de la “mondialisation” ?
Où alors faut-il revoir les bases de ce récit et réviser nos visions de ce que sont la pensée, la vie, la matière ?
On dit en mathématique qu’un problème bien posé est à moitié résolu. La fondation Béna pose t’elle bien un problème rendu factuel par des crises de plus brûlantes et urgentes ?
La méthode du double récit (du début à maintenant) et (de la fin au début - fin désignée par le dévoilement, l’apocalypse- pose t’elle bien le problème de la création ?
Finalement faut-il encore à Béna faire vivre une base d’épistémologie naturelle BENA ?
Ci-joint une prolongation de cette réflexion intitulée "Le pas du sens aura-t’il lieu ?", dont voici l’introduction :
Dans une lettre de pâques 2007, Xavier me signalait qu’il était conscient que son livre “le pas du sens” provoquerait l’anathème des scientifiques et des théologiens : il est “un sacrilège pour les savants et pour les croyants d’envisager un achèvement à la connaissance. Comment les scientifiques qui récusent toute finalité pourraient-ils
admettre comme une fin cette intelligence de la vérité de l’univers ? Comment les
théologiens qui enferment l’homme dans la condition d’un éternel pêcheur pourraient-ils admettre qu’il parvienne au terme d’une recherche donnant sens à son histoire, à la vérité toute entière sur l’économie de la création ? je prends délibérément le risque d’opposer au désenchantement post moderne une telle espérance au delà de l’espérance”
Cet exposé est une réponse tardive à cette lettre. J’évoque ce que pense Edgar Morin son contemporain, avec qui il a correspondu, de « l’intelligence de la vérité de l’univers ». Je signale en quoi les développements de l’intelligence artificielle scandalisent mais aussi bousculent le récit que fait Xavier de l’histoire de l’univers. Je présente comment les « topos de Grothendieck » permettent de formaliser en mathématique les conditions de l’existence d’un mythe de la « découverte scientifique de l’intelligence de la vérité de l’univers ». Je montre quelle pourrait être la place de l’intelligence artificielle dans la réalisation de ce mythe. Ainsi la question de savoir « si le pas du sens peut avoir lieu » en devenant un problème scientifique et technique n’a plus à faire l’objet d’anathèmes.