Homo sapiens : une nouvelle histoire de l’homme (Anne DAMBRICOURT)
par
Je connais personnellement Anne M. Dambricourt qui m’est apparentée. Elle était thésarde ne paléontologie quand H de Lumley son patron de thèse a demandé à La Fondation Teilhard de Chardin dont il est le président de
l’embaucher comme secrétaire pour qu’elle paye ses études.
Je connais bien sa thèse qu’elle a présentée pour la première fois aux Séminaires Béna en 94 et qu’elle a réussi à diffuser dans un article de La Recherche qui a
soulevé une tempête de protestation chez les paléontologues (c’était en 99 je pense). Je verrai avec intérêt ce soir où elle en est car j’étais d’accord avec les critiques lui reprochant de voir dans le développement du crâne des hominidés l’action d’un régulateur caché transcendant en vue de permettre l’émergence du sapiens. C’était aller un peu vite.
Première réaction sommaire à l’émission d’Arte hier soir
Pour la TGS, Anne Malassé Dambricourt fait une erreur en faisant de l’homme un robot génétiquement programmé pour être ce qu’il a été, ce qu’il est et ce qu’il sera au cours du processus d’hominisation qui dure depuis 60 millions d’années. Cette programmation innée serait celle d’un projet divin (intelligent design) qui ne saurait être le dessein d’amour que lui prête la foi car il a pour finalité la fabrication d’esclaves condamnés à réaliser ce projet et non à y adhérer librement en pleine connaissance de cause. C’est au contraire cette liberté, reflet de la gratuité divine, qui est programmée qui se traduit chez le sapiens par le libre arbitre et dans l’évolution naturelle par la contingence des options en présence d’alternatives équiprobables. L’opérateur de cette contingence est appelée Hasard et il n’est nullement récusé par la TGS. Mais pour le darwinisme, il n’est besoin de rien d’autre que ce Hasard pour expliquer une évolution dénuée de finalité et qui se passe d’un projet. Ce jeu du Hasard est régulé par la sélection naturelle fonction de l’adaptation au milieu qui lui même évolue au Hasard..
Mais il est bien connu que le darwinisme est ici prisonnier d’une tautologie car :”qu’est-ce qui est le mieux adapté, c’est ce qui survit, et qu’est-ce qui survit c’est ce qui est le mieux adapté”. Une adaptation au milieu, momentanément excellente, peut s’avérer funeste si elle n’est pas assez souple pour résister à un changement accidentel de ce milieu comme ce fut le cas des dinosaures. Autrement dit quel est le critère permettant de savoir si une adaptation est favorable ou défavorable pour la survie future compte tenu des aléas imprévisibles ?
Pour la TGS ce critère est bien un projet divin définissant l’axe des adaptations favorables en sorte que ce projet se réalise. Mais ce projet exerce une régulation cachée inaccessible à la science car transcendante. Le ressort de cette régulation est un attracteur avantageant les sélections qui vont dans le sens de l’accomplissement du projet et pénalisant les autres. Cette régulation n’est pas incarnée dans un moteur interne comme le pense Anne M.D. Elle n’est pas immanente, inscrite dans des gènes architectes. Elle ne contrarie en rien le jeu des libertés naturelles livrées au Hasard, ni de la liberté qui fonde la dignité de la condition humaine, mais elle fait le tri entre les gagnants et les perdants véritables en fonction d’un critère que nous ignorons présentement. Il est en effet selon la foi chrétienne ce pôle de consommation finale de l’amour entre le Créateur et la Création lui disant Oui librement parce qu’elle a tout compris de son dessein au terme d’un processus d’élucidation que l’intelligence humaine a la capacité de mener à terme, non pas seule mais avec l’assistance de l’Esprit Saint.
Comme l’a magistralement éclairé Teilhard, ce processus est fondé sur la réciprocité d’une collaboration interactive entre l’Homme et Dieu, à la fois divinisation de l’humain et humanisation du divin car Dieu a besoin de nous comme ouvriers de la construction de son Corps et ces ouvriers ont besoin d’être nourris de ce Corps.
Donc match nul entre AMD et ses contradicteurs. AMD nie l’absolu du Hasard en le soumettant à une régulation génétique, incarnation d’un projet divin, qui n’est pas démontrée. Ses contradicteurs croient à l’absolu du Hasard mais ils sont contraints d’admettre une succession miraculeuse de hasards favorables comme à propos de la formation de l’œil
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