Bonjour à tous,
Cette réponse de Jacques me semble excellente et je glisse seulement ces quelques commentaires positifs en italiques :
La plupart des philosophes n’osent pas afficher explicitement leur soif de connaissance, par pudeur, par discrétion sur leur vie intérieure.
Pourtant, la plupart des dialogues de Platon commencent par une introduction qui explicite la soif de connaissance qui est à l’origine de la discussion. Par exemple, au début du Phèdre, il est écrit "nous allons parler d’une chose qui est ton affaire : l’amour". Kant parle du "sommeil" dont il est sorti pour amorcer sa Critique de la raison pure" et parle d’une "révolution copernicienne" qui s’est opérée dans sa manière de voir le monde. Augustin s’adresse à Dieu et dit : "Comment t’invoquer dans te connaître ?" Spinoza dit, à la fin d’une de ses oeuvres les plus abstraites, qu’il l’a écrite pour satisfaire un besoin vital, qu’il n’a pas essayé de dissimuler.
Racines :
Oui, ces racines sont essentielles, mais ne deviennent-elles pas un sujet de recherche seulement si on les remet en cause, si l’on éprouve le besoin de voir dans quelle mesure elles nous ont conditionné ?
Qui suis-je :
"Qui suis-je ?" est peut-être la question récurrente chez les phénoménologues...
Sens :
La dimension collective est justement à l’origine du Groupe Béna !
Pourquoi l’humain a-t-il, à la différence des animaux par exemple, besoin de se trouver des Racines ?
Bonne question, dirait-on dans un débat télévisé !
Pourquoi l’humain a-t-il besoin de trouver ce qui le fonde dans son identité, et cela au-delà de toutes les évolutions liées au déroulement de sa vie ?
Bonne question, dirait-on dans un débat télévisé !
Pourquoi l’humain a-t-il besoin de trouver un sens à sa vie, et le cherche-t-il dans un futur de sa destinée ?
Bonne question, dirait-on dans un débat télévisé !
A ces trois questions, je répondrai, pour ma part, sans botter en touche :
1) Ce besoin de comprendre ce que je suis, et où je vais, c’est le point de départ de toute réflexion "philosophique", cher Jacques, puisque les Grecs disaient déjà que la recommandation philosophique première est "Connais-toi toi-même". Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les philosophes pour entreprendre une réflexion philosophique. Quand vous avez écrit : "Et je prends enfin le temps de vous soumettre à mon tour mes réflexions." vous avez entamé une réflexion parfaitement philosophique, comme je l’ai fait implicitement en écrivant il y a longtemps une petite introduction destinée à justifier mon désir de regarder au-delà des frontières du domaine scientifique (voir ci-dessous).
2) Ce besoin de comprendre ce que je suis, et où je vais, il me semble que c’est l’une des portes d’entrée de ma relation avec Celui qui m’a donné la vie, qui attend à ma porte et qui frappe pour me demander si j’accepte de lui ouvrir ("Sto et pulso" ).
Le groupe Béna a aussi échangé sur les domaines et les modes d’acquisition de connaissances, et montré des points de départ différents. Je suis d’accord avec vous dans le fait que distinction ne veut pas dire séparation. Les deux parties du cerveau, l’une plus rationnelle et l’autre plus intuitive, dit-on, sont reliées entre elles, et opèrent chacune pour sa part dans les modes d’acquisition de connaissances. Une approche dite rationnelle (avec des méthodes telle que l’analyse, ou l’approche hypothético-déductive, voire même l’approche statistique), et une approche dite intuitive (avec la part de l’imagination, de l’analogie, voire même de la projection à partir de l’expérience) sont toutes deux, pour moi, constitutives de l’humain.
Oui, bien sûr, et je suis tout à fait d’accord pour dire que notre préhension du réel fait intervenir évidemment ensemble les deux hémisphères de notre cerveau, et les trois modes de connaissance que j’ai essayé de cerner ("distinguer pour unir")
... chaque domaine de recherche a besoin de rationnel et d’intuitif, de génie et de transpiration, du moins à mes yeux.
Oui, absolument, chaque domaine de recherche a besoin de rationnel et d’intuitif, de génie et de transpiration, et mon but était seulement de souligner que la pensée de Xavier méritait d’être appréciée dans chacun de ces trois domaines.
Les 3 critiques que j’ai reçues en réponse à ma proposition de réflexion sur les trois domaines de la connaissance convergent pour dire que ces trois domaines ne sont pas séparés, puisque c’est toujours une personne, un "je" qui connaît. C’est parfaitement juste et je corrige ma proposition pour en tenir compte.
Il me semble maintenant possible d’entrer dans le vif des questions épistémologiques et de voir de plus près le premier déboguage dans l’esquisse d’ébauche de brouillon ci-jointe (voir article "Une lecture des propositions de Xavier Sallantin ") que je soumets à vos critiques qui me sont indispensables pour avancer. (Merci encore à ceux qui ont bien voulu réagir à mon "préambule" concernant les trois domaines de la connaissance)
Pourquoi un scientifique heureux peut-il être encore aujourd’hui démangé par les puces de Diogène ?
Pourquoi un scientifique heureux peut-il être encore aujourd’hui démangé par les puces de Diogène et se sentir saisi par un démon de midi qui le rend tardivement amoureux de la Sagesse ? Quelle insatisfaction peut le conduire hors du domaine balisé qu’il a parcouru allègrement en compagnie de quelques bons amis ? Tout simplement la sensation de plus en plus aiguë de marcher sur l’île flottante de son domaine de recherches, qui dérive vers le large au point qu’il n’est plus possible de voir les îles voisines, portées par des courants subreptices au-delà de l’horizon des connaissances.
Faut-il se résigner à vivre dans un monde rationnel éclaté, à tourner en rond dans son jardin spécialisé, séparé des voisins, et maigrement arrosé par les capricieux canaux des institutions qui font la politique de la science ? Non merci, il est plus amusant de prendre une gibecière, deux collets, trois grains de sel et quatre allumettes, pour aller en visite chez nos voisins philosophes, qui ont suivi l’Effraie aux yeux pers chère à Hegel, dont l’envol au crépuscule donne le signal du départ.
Si vous acceptez de me suivre, nous délaisserons donc, ce soir, les routes encombrées par les merveilles de la technique moderne et surveillées par la police des frontières scientifiques. Nous prendrons un peu de recul pour regarder le terrain que nous avons labouré pendant les heures de travail, en espérant y trouver des vérités solides.
Nous constaterons alors que "même si toutes les possibles questions scientifiques ont trouvé leur réponse, nos problèmes de vie n’auront pas même été effleurés". Nous chercherons alors si les lueurs incertaines qui pourraient émerger du brouillard vespéral apporteraient des réponses à nos problèmes de vie.
Sortant ainsi de notre enclos, nous suivrons les sentiers frayés par les pas répétés de ceux qui ont essayé avant nous de comprendre le sens de leur vie dans une démarche proprement philosophique. Nous regarderons alors, pupilles grandes ouvertes, les repères dont ils ont jalonné leur chemin (§ 92) et nous ferons le point grâce aux étoiles qu’ils ont allumées.
Enfin, après ce parcours de liberté, nous pourrons chercher plus avant, à l’horizon, si une aurore éclaire d’autres terres où il fera bon marcher dans un jour nouveau (§ 93). Il faudra alors voir le crédit qu’il est raisonnable d’accorder à des personnes qui témoignent d’une réalité transcendante comme l’a fait Augustin d’Hippone : "J’ai interrogé la Terre et elle m’a dit : je ne suis point Dieu. Tout ce qui s’y rencontre m’a fait le même aveu ... et j’ai dit à tous les êtres qui assaillent les portes de mes sens : entretenez-moi de mon Dieu, puisque vous ne l’êtes point. Dites-moi quelque chose de Lui. Ils m’ont crié d’une voix éclatante : c’est Lui qui nous a créés."
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