dimanche 5 septembre 2004
à 21h59
- par Alain Bruyère
Selon moi il faut être plus précis quand on parle du principe anthropique et quand on parle de sa forme faible ou de sa forme forte.
Reprenant mes cours de mathématique, il me revient qu’on parlait de condition nécessaire et suffisante. Il y a dès lors quatre cas possibles :
1. Soit la condition n’est ni nécessaire ni suffisante
2. Soit la condition est nécessaire
3. Soit la condition est suffisante
4. Soit la condition est nécessaire et suffisante
De quelle condition parle-on ici ?
Il s’agit du fait que les constantes physiques universelles sont réglées de manière telle qu’elles permettent ou induisent l’apparition de la vie et de la pensée, donc de l’homme sur la terre.
1. si la condition n’est ni nécessaire ni suffisante, alors, elle n’est plus une condition. Dans ce cas il n’y a absolument aucune corrélation entre ces Ctes physiques et l’apparition de l’homme. Il n’est donc pas question de principe
2. si la condition est nécessaire, cela signifie que si cette condition n’avait pas été réalisée, c-à-d si les Ctes physiques n’avaient pas été ce qu’elles sont avec les valeurs qu’elles ont, l’apparition de la vie et de l’homme n’auraient pas été possibles. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’avec ces Ctes physiques, le seul monde qui pouvait advenir était celui où la vie et l’homme apparurent tels qu’ils sont. En d’autres termes, un autre monde où une autre forme de vie et d’homme serait apparue, aurait pu advenir avec les Ctes physiques actuelles. Dans ce sens le principe anthropique est dit faible car il constate que sans ces Ctes physiques, le monde tel qu’il est aujourd’hui n’aurait pas pu advenir, mais que ce n’est pas de facto que le monde actuel advint, du fait de ces Ctes universelles. La condition ici est nécessaire pas suffisante. Il y a donc une notion de contingence : le monde actuel aurait très bien pu ne pas advenir même avec ces Ctes physiques universelles. Il y a une notion de nécessité ou d’unicité ou d’exclusivité : sans ces Ctes universelles, le monde actuel n’aurait pas pu advenir. Il y a contingence de la conséquence car possibilité de non « réalisation » de l’effet à partir de la cause. La cause est certaine, la conséquence est potentielle. Cette approche pose la cause et ensuite attend la conséquence. Il y a un décideur, un déterminisme de la cause. Il y a ensuite une contingence de l’effet
3. si la condition est suffisante, cela signifie que dès lors que cette condition était réalisée, de facto, l’apparition de la vie et de l’homme étaient « programmées ». Mais cela ne signifie pas pour autant que seule cette condition, c-à-d les valeurs des Ctes physiques universelles, aurait permis l‘apparition de la vie et de l’homme. D’autres conditions auraient pu prévaloir qui auraient également produit le même monde avec la même vie et le même homme. En d’autres termes, un même monde aurait pu naître d’autres Ctes physiques universelles. Dans ce sens, le principe anthropique doit également être dit faible car il constate qu’avec d’autres Ctes physiques universelles, le même monde aurait pu advenir. La condition ici est suffisante mais pas nécessaire. Il y a une notion de conséquence : dès lors que les Ctes universelles sont ce qu’elles sont, le monde actuel devait advenir. Il y a une notion de hasard ou multiplicité : d’autres Ctes universelles auraient pu faire advenir le même monde. Il y a conséquence car réalisation certaine de l’effet à partir de la cause, mais si la cause est incertaine, la conséquence, elle, n’est pas potentielle, elle est réelle. Cette approche pose la conséquence et ensuite attend la cause. Il y a un décideur, un déterminisme de la conséquence. Il y a préalablement un hasard.
Dans la condition nécessaire et la condition suffisante, il y a donc place pour le hasard et la contingence. Dans la condition nécessaire, le hasard ou la contingence est au niveau de l’effet ou de la conséquence, dans la condition suffisante, le hasard ou la contingence est au niveau de la cause. Mais il y a aussi place pour la nécessité ou le déterminisme. Dans la condition nécessaire, la nécessité ou le déterminisme est au niveau de la cause, dans la condition suffisante, la nécessité ou le déterminisme est au niveau de l’effet ou de la conséquence
4. si la condition est nécessaire ET suffisante, cela signifie que d’autres Ctes universelles n’auraient pas pu faire advenir le monde, la vie et l’homme tels qu’ils sont ET qu’ un autre monde, une autre vie un autre homme n’auraient pas pu advenir au départ des ctes physiques universelles actuelles. Dans ce sens, le principe anthropique peut être dit fort car il constate que ces Ctes universelles ont été réglées exclusivement pour faire advenir le monde tel qu’il est et donc qu’aucun autre monde n’aurait pu advenir et qu’aucune autre condition n’aurait pu faire advenir le monde tel qu’il est. Il n’y a pas de contingence et il n’y a pas de hasard. Il y a donc une intentionnalité évidente. La cause est certaine de même que la conséquence. Il y a donc un décideur de la cause et de la conséquence. Il y a donc déterminisme total, déterminisme précédé d’un déterminisme. Dans la condition nécessaire et suffisante, la nécessité ou le déterminisme sont au niveau de la cause ET de l’effet (ou de la conséquence)
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