Vent de Béna - Noël 1989

lundi 18 décembre 1989
par  Xavier SALLANTIN

L’an dernier, pour Noël, je vous avais invité à considérer les lueurs naissantes de sept étoiles porteuses d’espérance. Je crois que leur éclat ne s’est pas démenti cette année et je vous rappelle les noms que je leur avais attribués :

- Montée des solidarités. (exemple, le succès du dernier Téléthon)
- Démystification des impostures. (j’avais prédit un séisme géopolitique à l’Est !)
- Progrès de la paix. (Ils ont marqué le pas cette année).
- Réaffirmation des droits de l’Homme. (espoirs d’une relance des accords d’Helsinski)
- Accélération des apprentissages. (L’humanité se vaccine de plus en plus vite contre ses égarements).
- Découvrement du sens de l’évolution cosmique. (Encore des progrès importants de la science des origines).
- Foi nouvelle en un salut universel. (Et non plus seulement salut individuel de chaque âme)

Sachons le reconnaître, l’étoile "démystification de l’imposture communiste" a explosé en 1989 comme une supernova. En ce bicentenaire de la révolution française, nous avons eu l’exceptionnelle possibilité d’observer en direct ce qu’est une révolution. Car on a beaucoup spéculé et disserté sur le positif et le négatif de 1789, mais plutôt que de s’épuiser à refaire l’histoire, il me semble plus important et instructif de la voir se faire sous nos yeux. Il en est exactement comme de ces étoiles supernovae apparues jadis au sujet desquelles l’astronomie moderne échafaudait des théories en s’aidant des récits plus ou moins légendaires de l’époque ; et voici que le 23 février 1987 il leur est donné d’assister en direct à l’explosion de l’une d’entre elles dans le Grand Nuage de Magellan, et de pouvoir ainsi confronter leurs supputations d’hier à leurs observations d’aujourd’hui, de substituer à la représentation subjective et suspecte de faits passés la réalité objective de faits vécus et analysés par une communauté scientifique en possession d’un outillage sophistiqué, tant physique que mathématique.

Ce qui me frappe le plus c’est le caractère soudain et incoercible de ces explosions révolutionnaires. Comme une traînée de poudre s’allume et se propage brutalement un feu qui couvait et dont aucun expert, aucun kremlinologue, n’avait prévu l’embrasement pour cette date là. Tout un système s’effondre parce que le temps de son effondrement est venu. C’est pourquoi je trouve assez vain de gloser sur le bilan de la Révolution de 1789 comme si la France avait pu en faire l’économie alors que la contagion de l’incendie qui naît en ce temps-là et se répand dans la profondeur des provinces françaises apparaît, a posteriori, aussi irrésistible que celle qui embrase sous nos yeux l’Europe de l’Est.

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