Plutôt que d’en appeler à une hypothétique énergie noire et à une mystérieuse matière noire, un modèle voit dans l’antimatière un moyen alternatif à la théorie standard pour écrire son histoire.

Développé par Gabriel Chardin et Aurélien Benoit-Lévy à l’Université d’Orsay, ce modèle suppose que l’anti-matière, présente au commencement en quantité égale à la matière, aurait pour une grande part survécue dans des zones éloignées de la matière ordinaire qui a donné naissance à nos galaxies. Elle fait aussi l’hypothèse que l’antimatière anti-gravite.

Aux frontières un peu d’annihilation se serait produit. Elle explique la nucléo-synthèse primordiale mais elle la situe 40 ans après la Big Bang et non dans les premières secondes qui l’ont suivi, et elle n’a pas besoin de faire l’hypothèse d’une inflation d’un facteur 10 à la puissance 26 dans la première milliseconde. Elle situe l’émission du rayonnement fossile (libération des photons) à 14 millions d’année et non, comme le modèle standard, à 380 000 ans.

L’hypothèse d’une anti-gravitation suscite plus de problème. Elle est incompatible avec la théorie de la gravité générale. Elle nécessiterait une théorie plus large qui relativise soit le principe de causalité, soit celui de la conservation de l’énergie. Seule la description des trous de ver par Brandon Carter peut faire penser à son existence.

Les promoteurs de cette théorie fondent leurs espoirs sur une expérimentation nommée AEGIS que Michel Doser monte au CERN. Elle vise, vers 2014 ?, à fabriquer des atomes d’anti-hydrogène et à mesurer l’effet de la gravité terrestre sur leur trajectoire .

Réf : Science et Vie N°1105

Voir aussi les notes de lecture concernant le livre de Gabriel Chardin, "L’antimatière, la matière qui remonte le temps"