Théorie Générale du Sens et Parousie
par
Théorie Globale du Sens.
Réflexions sur la base d’une discussion avec Jean-Luc lors de la randonnée le mardi 31 Juillet 2007.
Le « Être là », « Être au présent », est la base fondamentale de tout sens. Cela est, certes, une expérience personnelle et subjective mais probablement aussi le point d’achoppement et d’accord fondamental entre tous les sujets. Partant de cette base, de ce « Je suis », il est possible d’analyser, d’expérimenter et de comprendre les choses qui nous entourent en empruntant des chemins divers, en explorant différentes directions : Passé, futur, espace, idée, nature, homme, vie, construction, complexe, simple, temporel, intemporel, étendu ou non, etc. ...
Toutes ces directions pointent vers le même centre bien qu’elles nous semblent divergentes au « départ ». On pourrait voir ces directions de connaissances comme traçant des géodésiques dans un espace courbe présentant une singularité (en oméga), pôle attractif de vérité, source de Sens.
L’expérience du présent constitue une soif, une demande de découverte, d’harmonie et d’accord. De là, se déploient tous les cadres de connaissance, de compréhension du monde et même, d’existence de l’univers. Pour continuer le parallèle avec Teilhard, on pourrait parler de point alpha. Quoi qu’il en soit, on peut entrevoir en base du système que je viens décrire, la colonne vertébrale de la Théorie Globale du Sens. L’expérience découle de et s’articule autour de ce que l’on peut appeler un point alpha, tandis que le Sens, l’accord et l’harmonie ont pour source le point oméga. D’une certaine manière, ces deux points sont confondus. Ils sont tous les deux universels, n’étant pas situé plus à un endroit qu’à un autre, ni plus à un moment qu’à un autre. Le point alpha est automatiquement manifesté lorsque l’on considère « l’Être au monde » de quelque chose ou expérimente le présent. Le point Oméga se manifeste de la même façon, soutenant l’accord et l’harmonie entre les choses et permettant le jaillissement de Sens. Il est de toute façon impossible de séparer dans notre expérience, ce qui soutient notre existence et ce qui fonde la compréhension que l’on en a, et l’harmonie qui s’en dégage. On peut donc considérer qu’ils sont confondus, qu’il existe un bouclage entre le point alpha et le point oméga. Il est possible de les distinguer logiquement par leur « rôle » respectif, mais cela correspond plus à deux angles de vue sur la même entité. Le fait que ce (ou ces) points se manifeste quel que soit le lieu et le moment donne une information essentielle pour bien comprendre sa nature. Il « EST » nécessairement au-delà de l’espace et du temps et l’on pourrait dire que le cadre spatio-temporel peut lui être superposé mais sans le contenir. Dans ce cadre, le temps ou la durée sont seulement potentiels et peuvent être actualisé en lien avec quelque chose qui bouge ou qui évolue. Je considère qu’il est possible d’assimiler ce point (ces deux points) avec tout ou partie de l’ONTO-Niveau de la Théorie Globale du Sens.
Parousie, jugement dernier.
Dimanche 2 septembre 2007.
Je voudrais maintenant mettre en relation la description ci-dessus des points Oméga et Alpha avec le problème de la fin du monde, de la mort. Pour cela, il est nécessaire de bien distinguer l’aspect intersubjectif de la mort vue en tant que spectateur. L’être sera dit mort si l’on ne peut plus détecter d’activité ordonnée de la part de ce que l’on observe de lui dans notre référentiel, c’est-à-dire dans l’espace qui nous est accessible pendant la durée d’observation. Nous connaissons bien cet aspect de la mort. La même chose ne peut être dite de l’aspect purement subjectif de la mort. On ne sait quasiment rien de notre propre mort. Une première bonne raison à cela est que nous ne l’avons pas encore vécue. En tout cas nous ne sommes pas capable d’associer un élément de notre mémoire ou de notre présent à cette échéance que l’expérience nous montre inévitable. La chose la plus communément admise sur l’aspect subjectif de la mort est sa nature profondément mystérieuse.
Résumons donc : La mort présente au moins deux aspects. L’un venant de l’expérience intersubjective de la mort de l’autre, et l’autre insaisissable mais concevable de l’expérience personnelle de sa propre mort. En lien avec ce que l’on a dit ci-dessus, on peut penser qu’il y a aussi un phénomène de convergence pour la mort ou que la mort est un phénomène convergent. Ici, ce fait le lien avec la fin du monde, la parousie, la communion à la fin des temps. Une question importante est la localisation de ce phénomène. Se produira-t-il dans 100 ans dans 1000 ans, au premier jour de l’an 3000 ? Est-il vraiment localisable dans l’espace et dans le temps ? Une datation absolue me paraît douteuse pour une raison simple : le choix du calendrier. La parousie à une vocation à l’universalité. L’utilisation d’un calendrier humain pour annoncer une date (exemple du premier jour de l’an 3000) ne paraît pas pertinente car une date numériquement particulière dans un de nos calendriers ne le sera pas dans un autre. D’autre part, le recours à une datation basée sur la nature pourrait régler ce problème de congruence, mais elle se positionne à des échelles de durée incommensurables avec nos échelles habituelles. On ne peut pas donner une date avec une précision du siècle ou du millénaire en se basant sur les phénomènes géologiques ou cosmologiques. Une datation sur cette base n’aurait que peux de sens en lien avec le phénomène de la mort que nous expérimentons pour l’autre. Une discussion plus approfondie pourrait valider ou infirmer une telle possibilité de datation absolue. Le sujet est loin d’être épuisé mais je voudrais proposer une conception quelque peu différente. Je crois que nous avons besoin d’une description qui fasse une place au coté subjectif et personnel de la fin du monde. Il faut trouver un moyen de lier la mort au niveau collectif, la mort au niveau personnel et la fin du monde. Ce problème est intimement lié à la conception du temps et de la durée qui sera discuté ailleurs. Disons simplement ici, que le concept d’un temps absolu indépendant des observateurs et des phénomènes à montrer ses limites avec l’édification de la théorie de la relativité d’Einstein. Le temps ou la durée est quelque chose qui se mesure à l’aide d’une horloge. C’est un phénomène local profondément lié à l’état physique de l’observateur. Le seul temps qui se rapproche de l’ancienne conception du temps absolu est le temps cosmique de la cosmologie qui s’applique à l’univers dans son ensemble aux très grandes échelles où l’on peut le considérer comme homogène et isotrope. Dans ce sens, l’univers peut avoir un « âge ». Mais à notre échelle, l’univers est tout sauf homogène et isotrope, nous condamnant à considérer les phénomènes humains (dont la mort fait partie) dans des repères spatio-temporels liés à l’état physique de l’appareil de mesure et de l’observateur.
De ce point de vue, on peut commencer par considérer la mort sous son aspect intersubjectif. Les états physiques de tous les observateurs terrestres sont suffisamment similaires pour que l’on puisse définir un temps commun (ou tout du moins, des temps congruents) dans lequel on peut repérer la mort de différentes personnes. César est dans ce cadre mort avant Louis XIV lui-même mort avant Teilhard de Chardin et ainsi de suite. Mais si l’on place une fin du monde dans ce cadre, j’imagine assez bien ce qui pourra se passer pour les gens présents à ce moment. Ils mourront ou se transformeront tous en même temps. Cela n’explique pourtant pas sans ajout ce qui se produit pour les gens qui sont déjà disparus. Piètre universalité que celle qui laisse de coté ceux qui ne sont pas là au bon moment. C’est un phénomène universel au niveau spatial mais pas au niveau temporel. Il semble donc construit sur un découplage fondamental entre l’espace et le temps (qui devient universel et absolu) dont on a vu qu’il n’était au mieux qu’une apparence à notre échelle. Je crois donc que si l’on fait de la mort et de la fin du monde des phénomènes liés et universaux, on doit faire l’hypothèse qu’il se produit un rassemblement fondamental de tous les êtres morts quelque soit le lieu et le moment de leur mort. Ce point de convergence supposé éclaire d’un jour nouveau l’expression de fin des temps. Ayant admis d’une part que l’on pouvait collectivement ordonner temporellement la mort des autres, mais que d’autre part la parousie devait être universelle (au sens spatial mais aussi temporel), nous sommes conduit à supposer que ce rassemblement fondamental n’est accessible que par l’expérience de la mort personnelle et subjective. Nous avons dit que l’espace et le temps étaient intimement liés à l’état physique de l’observateur. Dans la mort, il ne reste plus que l’être en train de mourir. Le phénomène local du temps ne peut plus être défini pour lui par la mesure sur l’horloge que nous consultons alors que nous le regardons de l’extérieur. On peut penser qu’il se produit ici un découplage entre le temps intersubjectif des observateurs terrestres (vivants) et le temps associé à la conscience de l’être qui meurt. L’état physique de cet être nous est bien entendu inconnu, mais peut-être y a-t-il une distorsion du cadre spatio-temporel qu’il éprouve. Rien n’empêche de penser que toutes les « trajectoires » subjectives des mourants convergent en un seul « lieu » à un seul « moment ». Dans la théorie de la relativité, on parle d’événement. Dans l’expérience de notre propre mort, nous convergeons peut-être tous vers un seul « événement » que l’on pourrait appeler « la fin des temps ».
Ce point ou cet événement échappe à une localisation spatio-temporelle intersubjective. De ce point de vue, on peut le dire hors de L’Espace et du Temps. Il n’est pas impossible que l’on atteigne ainsi le point qui a toujours été le point de fuite du tableau de notre vie, la source des choses et de leur signification, les points confondus alpha et oméga décrit plus haut. Cette description permet de faire cohabiter les deux aspects de la mort et l’idée de parousie universelle, mais elle requiert néanmoins d’abandonner l’idée de temps universel et absolu. Je tente, pour finir, une spéculation sur le sens du jugement dernier. Lors de ce rassemblement universel de tous les êtres qui ont vécus et sont morts, nous nous retrouvons tous à nu avec nos forces et nos faiblesses, nos noirceurs et nos beautés exposées dans la communion sans masque et sans détours. Le jugement dernier prendrait dans ce cadre le sens d’une sorte de choix à la fois collectif et personnel face à ce que l’on est vraiment en tant que collectivité et en tant qu’individu. Le jugement dernier serait alors l’acceptation ou le refus de nous-mêmes à la fin des temps.
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