Comment définir la vie ? (Collectif)
par
Que recouvre la notion de "vivant" ? Pourquoi nous préocupe-t-elle bien plus aujourd’hui que dans le passé ?
Des scientifiques de renom exerçant dans différents pays ont été réunis pour proposer leur définition de la vie ou discuter de la pertinence d’une telle définition. Biologistes, chimistes, exobiologistes (en quête d’une vie ailleurs dans l’Univers), mais aussi informaticiens impliqués dans des recherches sur la vie artificielle ou philosophes des sciences, ces chercheurs s’expriment dans un langage débarrassé de tout jargon, adoptant une attitude de généraliste ouverte aux autres disciplines. Cette démarche révèle les recouvrements entre les définitions mais aussi les désaccords, souvent liés à l’importance accordée aux différentes propriétés des êtres vivants, comme la présence d’un système génétique ou l’assujettissement à l’évolution darwinienne.
Est-il possible, à partir des nombreux exemples d’organismes vivants existant aujourd’hui, d’en identifier le plus petit dénominateur commun ? Et ce dernier ne devrait-il pas rappeler celui qui a amorcé la merveilleuse aventure de la vie.
(Quatrième de couverture)
Hugues Bersini, l’un des deux instigateurs de cet ouvrage collectif, propose en fin d’ouvrage (p119-120) une bonne synthèse des 6 principales propriétés du vivant, dans un ordre plus ou moins arbitraire :
1. Métabolisme, pour se maintenir, se réparer, croître, se reproduire (système ouvert, structure dissipative)
2. Compartimentation spatiale (membrane cellulaire), qui maintient une identité
3. Cognition (adaptation à l’environnement)
Ces trois premières caractéristiques du vivant peuvent se résumer par la définition de Damiano et Luisi (p39) :
"Un système est vivant quand il est automaintenu par un système régénératif de processus prenant place dans une frontière de sa construction (autopoïèse) et qu’il manifeste une interaction adpatative avec son environnement"
4. Support informationnel héritable (gènes)
5. Autoreproduction
6. Evolution sans limites (implique autoreproduction défaillante, mais pas trop)
Mais les 15 auteurs qui ont été invités à donner leur définition de la vie en moins de 5 pages se différencient par les caractéristiques qu’ils considèrent comme premières et s’opposent sur la réponse à la question : La vie se définit-elle par ses mécanismes biologiques ou bien par son essence, un flux informationnel en perpétuelle transformation (évolution, complexification) ?
p8 Bedau. Cette triade fonctionnelle n’est qu’une conséquence d’une vision plus fondamentale de la vie qui situe son essence dans la faculté de développer une évolution sans limite.
p62 Lopez-Garcia. L’évolution n’est qu’une conséquence. Si la machinerie d’une cellule était parfaite, elle pourrait perdurer indéfiniment.
Notes au fil de l’eau
p12, p45 La vie est une catégorie créée par l’homme, et n’existe pas en tant que telle, d’où la difficulté à la définir.
p16 Brack. la formation de feuillets beta requiert des acides aminés de même chiralité
p25 Changeux. Rôle critique des protéines allostériques (process de régulation)
p29 Chantrenne. Les êtres vivants n’apparaissent pas spontanément. Ils sont toujours la prolongation d’êtres vivants qui les ont précédés. (mais p103 Stewart. Si on remonte à l’origine de la vie, les tous premiers organismes ont dû logiquement être suffisamment simples pour advenir par génération spontanée (sinon ils n’auraient pas été les premiers)).
p42 De Duve. La vie est ce qui est commun à tous les êtres vivants connus, toutes les propriétés héritées du DACU (Dernier Ancêtre Commun Universel)
p68 Morange. Ce qui caractérise le vivant, c’est la réunion, unique, de caractéristiques dans un même objet. Notion de couplage.
p71 Moreno. Notion d’écosystème.
p76 Moreno. La frontière entre systèmes infrabiologiques et vivants se trouve dans la capacité d’évolution sans limite. Les formes plus complexes de vie n’ont pas éliminé les formes simples, alors que les différents types d’organisation infrabiologiques ont été éliminés par les êtres vivants.
p97 Stewart. Une certaine forme de circularité est au coeur du vivant. Un organisme vivant se fabrique lui-même.
p102 Stewart. Les organismes vivants sont potentiellement immortels, mais sans garantie. Mais une entité qui ne peut mourir ne serait pas vivante.
p104 Stewart. Une séquence de nucléotides n’est pas de l’information sans un autre système capable de l’interpréter.
p112 Chemoton de Tibor Ganti. Modèle minimaliste de cellule.