Je suis tout à fait favorable au projet d’un forum sur l’avenir du Groupe Béna mais je voudrais déposer une “motion préalable”car Béna est un label dont je revendique la paternité. Ce pavillon ne saurait recouvrir n’importe quelle marchandise.
Lors de la création de la Société Civile BÉNA en 1970, l’acte authentique stipulait qu’en ce lieu-dit Béna était projeté l’établissement d’une“Base Base d’Épistémologie Naturelle” (B.É.Na). Je pense maintenant qu’on avait vu juste mais on a dû abandonner cette raison sociale car les gens du pays ont cru que nous étions une secte voulant créer une base naturiste !
Il reste que l’objectif de notre fondation était l’élaboration et l’approfondissement de la logique qui se prétendait naturelle sur laquelle je travaillais déjà depuis vingt ans. J’appelle désormais logique trine ou trialectique cette logique ternaire qui se veut plus puissante que la logique binaire classique qui fonde la numérisation digitale. Elle se présente comme un outil conceptuel nouveau qui postule que les principes aristotéliciens d’identité, de non contradiction et de tiers exclus sont en fait surdéterminés par un tiers terme de référence. Dès lors qu’existe au sein d’un ensemble une discrimination commune entre le sous-ensemble des éléments A et le sous-ensemble des éléments Non A , il est impliqué que tous les éléments de l’ensemble sont préaccordés sur un Tiers référent, critère de cette discrimination.
Ce postulat est notamment attesté dès le Big Bang par le quantum d’action de Planck qui fait le partage dans la Nature entre l’expression subquantique et l’expression surquantique seule observable. La constante de Planck est le sceau d’un préaccord ontologique entre l’action, notion physique qualitative et le nombre, notion arithmétique quantitative. De ce premier signe d’expression procède toute numérisation naturelle ou culturelle.
Le Livre Zéro est une introduction à cette théorie d’une numérisation naturelle (TNN) par degrés successifs d’accord croissant entre réalité signifiante et idéalité signifiée. Elle tend à expliciter les niveaux respectifs d’une communication toujours plus informée entre les particules élémentaires, entre les éléments simples et leurs composés chimiques, entre les êtres vivants, entre les êtres pensants. Le Livre Un sera l’exposé de cette TNN qui devient une Théorie Générale du Sens (TGS) dans la mesure où elle inscrit l’histoire de l’Univers entre une explosion initiale d’énergie totale dont la qualité se dégrade et une implosion finale d’information totalisée dont la quantité augmente. Tel est le “projet Béna” qui ne sera validé que si ces applications confirment les connaissances scientifiques actuelles tout en leur apportant un surcroît d’ intelligibilité. Il faut démontrer que cette logique trialectique est supérieure à la logique dialectique en vigueur car elle entraîne un progrès de la connaissance du réel comparable à celui que la couleur apporte par rapport à sa représentation en noir et blanc.
La TGS se positionne donc comme un changement radical de paradigme car à la relativité épistémologique qui prévaut aujourd’hui elle oppose l’élucidation d’un référentiel absolu auquel elle rapporte les degrés de liberté d’une évolution naturelle et culturelle, comme la règle d’un jeu surdétermine ses aléas. Ce “retournement de la science” anticipé par Hegel et actualisé de nos jours par des phénoménologues tels que Michel Henry, est une hypothèse tellement révolutionnaire qu’elle convient d’être adoptée avec circonspection. Mais la spécificité du “projet Béna” est d’avoir pour fin la découverte d’un tel catalyseur qui n’est nullement l’objet de divers groupes interdisciplinaires tels que le “Projet nouveau regard”(Dom Gérard Lafont), l’UIP (Jean Staune), où le CIRET (Basarab Nicolescu). L’intérêt de tels groupes n’est nullement contesté mais il apparaît à Béna que l’humanité, aujourd’hui en danger de mort lente ou brutale, appelle la catalyse urgente d’un précipité de portée universelle sans commune mesure avec les recettes partielles et controversées que préconise le développement durable. On ne voit pas comment elles pourront réaliser à temps l’unanimité d’humains encore si attachés à leurs particularismes ethniques, idéologiques, nationaux ou religieux ; il n’est plus temps de se disperser dans la multidisciplinarité ; il faut faire l’hypothèse audacieuse de l’émergence d’un concept véritablement transdisciplinaire qui transcende cette quête tous azimuts. C’est d’ailleurs ce que fait aujourd’hui la science la plus officielle lorsqu’elle cherche à découvrir, avec le champ de Higgs la clé de voûte de la Théorie Standard. Il rendra compte de la masse des corps qui traduit la résistance universelle au changement et l’augmentation générale de l’entropie, mais aussi de la résonance singulière dont l’accordage par degrés est en définitive responsable des émergences toujours plus locales de la matière de la vie et de la pensée et de l’existence de cherhcuers d’une vérité universelle.
Ma motion préalable dispose donc que le chantier Béna est celui du Sens dans la ligne générale est définie par le Livre Zéro. L’avancement de ce chantier se fait par approximations successives. Sa progression appelle le doute méthodique, la critique, l’approfondissement, la formalisation, la validation et l’acceptation que cette ligne de recherche puisse en définitive apparaître comme une impasse. Auquel cas je n’hésiterais pas à reconnaître que je me suis fourvoyé. Dans l’attente d’une telle éventualité que je n’exclue nullement, je poursuis obstinément ma tâche tout en sachant que le chantier Béna a besoin de tous les corps de métier, qu’ils soient spécialisés dans les sciences dures ou les sciences humaines. En pleine conscience de ce que cette problématique est hors norme, je ne cherche pas à embaucher ni encore moins à débaucher ceux qui travaillent sur d’autres chantiers qui s’avèreront peut-être plus utiles que le chantier Béna. Mais si à l’avenir le Groupe Béna devait adopter une autre problématique que celle ici esquissée il lui faudrait changer d’étiquette.
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