L’Espérance à tire d’aile...
(Tiré à part du Vente de Béna - Noël 1984, amicalement reproduit par René Burrus)

Dans les célèbres « Dialogues avec l’Ange », il est dit que le monde moderne « couve un œuf sans germe ». Je crois avoir déjà proposé cette image que j’aime ; cependant je me demande parfois si, au désert de Béna, nous ne couvons pas un germe sans œuf. Nous sommes en effet relativement coupés de ce milieu nourricier qui alimente le matérialisme pratique de la majorité des Occidentaux ; mais surtout cette problématique d’incu­bation, cette idée que l’humanité est encore à un stade prénatal et qu’elle est en train de naître, rencontre une indifférence quasi totale. Je ne suis l’objet d’aucun rejet, d’aucun démenti, c’est pire, je me heurte à un édredon.

Je persiste cependant à croire que la montée de la peur, de l’angoisse et de la violence, avec pour corollaire l’idolâtrie de la sécurité, procède de l’inintelligence de ce processus pourtant si naturel de la naissance - nature et naissance n’ont-ils pas même racine ?- J’ai la conviction que l’impasse apparente du monde présent est en fait une passe étroite vers un monde tout autre.
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L’Espérance à tire d’aile ...

Noël 1984 - 4 pages