Vent de Béna - Noël 1999

mercredi 1er décembre 1999
par  Xavier SALLANTIN

Meilleurs vœux de bonne espérance à tous les "amis de Béna" passagers de l’An 2000

Fastes du passage à l’An Deux Mil.
Plus de cent Toulousains se sont donnés rendez-vous à Béna pour célébrer trois jours durant le passage à l’An 2000. Ils entendent que cette fête s’accompagne d’un approfondissement du thème du passage :"Passeurs et passants, chacun jouera sa partition du passage" dit la lettre d’invitation.

Le "passage" est en effet un archétype d’une inépuisable richesse, à la source de la méditation la plus originelle du sapiens qui, à la différence de l’animal, sait qu’un jour il devra passer et constate qu’il est sans cesse dans l’impasse ou dépassé. Du radical du passé qui "n’est plus" vient en français la négation "ne...pas" et cette connotation négative se retrouve dans la passion qui est souffrance éprouvée dès lors que passe ou trépasse ce que l’on aimerait conserver. Le latin comme le grec ont associé à ce pas en arrière le pâtir passif et pathologique.

Mais le passage a aussi la connotation positive du pas en avant, du surpassement délibéré dont le même sapiens, entrepreneur conscient du futur a aussi le privilège. Sauter le pas c’est, à l’encontre de la passivité, franchir un pas décisif en choisissant délibérément de partir à l’aventure, de plonger vers de nouveaux rivages et d’affronter les risques de tout engagement. Le passage de la Mer Rouge ou du Jourdain sont les symboles bibliques d’autant de transitions pascales qui jalonnent les avancées de l’homme pilote de son histoire, comme l’a été en ce 20ème siècle son premier petit pas sur la Lune. Le radical hébreu de la Pâque est encore celui du passage, "Passée du Seigneur" qui passe et saute en les épargnant les maisons dont le seuil est marqué du sang de l’agneau. Est ainsi donné le signal d’un nouveau départ à l’errance humaine qui n’a jamais cessé. Toujours il nous faut partir vers de nouveaux horizons, quitter comme Abraham la sécurité du connu pour l’inconnu d’une Terre sainte à conquérir. Pèlerin dans la nuit, l’homme sous peine de passer ne peut s’arrêter, marchant sans relâche jusqu’à ce qu’il ait achevé la Création en édifiant la cité planétaire, la Jérusalem d’amour aux dimensions du monde. Le christianisme a repris à son compte ce mythe fondateur que réactualisent tant la plongée dans l’eau baptismale que la Messe qui réédite Pâques, ressort essentiel de l’histoire du salut.

En quête d’une boussole pour guider ses pas, le passeur primitif est tenté d’interroger le devin dont la parole (radical fas en latin, phas en grec) dit le faste et le néfaste. Le faste de la fête conjure l’angoisse ou salue l’exploit du passage. Greffés sur le tronc commun du "pas", les verbes "passer, pâtir, partir, séparer, parler, festoyer", sont autant d’axes de réflexion pour les passionnés des hauteurs qui, défiant la froidure et les aléas de la météo, ont décidé de franchir en fin d’année le col de Béna. Le 21 Décembre de l’an passé, il m’avait fallu descendre à pied dans la tourmente avec dans mon sac à dos les 800 enveloppes du "Vent de Béna" dont le contenu imprimé à Font Romeu était en bas, en sorte que ce bulletin vous parvienne pour Noël. Ce qui se passa. Je souhaite à nos amis Toulousains, que de quelque manière, leur passage soit un pas mémorable qui les marque car c’est bien ce qu’ils cherchent en préférant la lumière des cimes aux lampions des villes.

Demain les pierres crieront.
Pour moi, vous le savez, ma partition du passage est depuis quarante ans le franchissement du pas du sens. Il m’est apparu cette année que ma recherche, en son stade actuel de maturation, passait de mieux en mieux. .../...
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Vent de Béna - Noël 1999
La lettre de Xavier - 4 pages