“Vivre la fin des temps “ de Slavoj ZiZEK

samedi 5 mars 2011
par  Xavier SALLANTIN

La communication de la TGS implique de prendre une exacte mesure d’une agitation “eschatologique “ croissante, syndrome du Titanic notamment diagnostiqué par Jacques Attali en 2006. Je me suis fait un devoir de commander ce matin “Vivre la fin des temps “ de Slavoj ZiZEK qui vient de paraître chez Flammarion. Comme pour bien d’autres ouvrages contemporains d’auteurs sérieux, qui s’efforcent selon leur discipline d’esquisser un inévitable changement de paradigme , une critique rigoureuse mais positive s’impose. Elle permet de tester la validité de la TGS.
Voici la présentation de cet ouvrage par son éditeur :
" Aucun doute n’est plus permis : le système capitaliste global entre à toute vitesse dans sa phase terminale. Crise écologique mondiale, révolution biogénétique, marchandisation effrénée et croissance explosive des divisions sociales sont, selon Zizek, les quatre cavaliers de l’apocalypse à venir. Mais la mort du capitalisme doit-elle entraîner, comme le croient beaucoup, la fin du monde ? Non. Il y a un espoir. Nos réponses collectives à la catastrophe correspondent précisément aux étapes du deuil décrites par la psychologue Elisabeth Kübler-Ross : déni, explosion de colère, tentatives de marchandage, puis dépression et, enfin, acceptation. C’est après avoir atteint le point zéro, après avoir traversé le traumatisme absolu que l’individu, devenu sujet, pourra discerner dans la crise l’occasion d’un nouveau commencement. Mais la vérité traumatique doit faire l’objet d’une acceptation et se vivre pleinement pour qu’ait lieu ce tournant émancipateur. Notre salut viendra d’une réaction à l’idéologie multiculturaliste hégémonique qui entrave notre prise de conscience politique, mais aussi par la lutte. La lutte contre l’autorité de ceux qui sont au pouvoir ; contre l’ordre global et la mystification qui l’étaye, contre nos propres mécanismes d’évitement et d’aveuglement qui nous conduisent à inventer des remèdes ne faisant qu’aggraver la crise. Dans une analyse magistrale, où la géopolitique tient une place de choix, Zizek nous engage, au vu de l’inéluctable prolétarisation qui entraîne la subjectivité contemporaine vers le chaos, à repenser radicalement le concept d’exploitation. Et il détecte en même temps les indices d’une culture communiste possible dans des utopies comme le "peuple des souris " de Kafka, ou dans celles que suggère le collectif des surdoués déjantés des Plus qu’humains de Theodore Sturgeon ou le groupe de rock Rammstein. "

Avec ma quête insensée du sens je me sens de plain-pîed parmi ces allumés. Question que je mets au concours : sont-ils les dindons d’une farce ou la farce d’un dindon ? XS


Commentaires  Forum fermé

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lundi 7 mars 2011 à 09h42 - par  Jean-Luc LEFEBVRE

Effectivement, le thème traité par Zizek rejoint notre quête…
Pour répondre à l’interrogation finale de Xavier, je lis actuellement un essai qui m’a été recommandé par une collègue : « Le cygne noir, la puissance de l’imprévisible » du libano-américain Nassim Nicolas Taleb (dispo en poche : « Les belles lettres 2010 »).
La dinde est son exemple favori : de son point de vue, tout va bien pour elle jusqu’au jour fatidique, imprévisible pour la dinde, où Noël approche !
Plus sérieusement, ce livre traite de la prospective en démontant l’utilisation de projections linéaires dans le cas des systèmes complexes, par essence non linéaires où un « Cygne Noir » totalement imprévisible (mais que certains peuvent « pressentir ») peut apparaître !
Le changement de paradigme total que nous imaginons sera un de ces « Cygnes Noirs ». À quoi ressemblera-t-il ? Peut-être la TGS nous apportera-t-elle une piste ? Mon hypothèse est que l’on va passer d’une société qui a mis l’individu au centre des préoccupations (du moins en Occident) à une humanité où l’épanouissement du plus grand nombre à l’échelle planétaire doit primer. Reste à mettre en place la gouvernance équitable de ce monde avant – ou après ! – que l’Occident ne s’effondre…

Amitiés. Jean-Luc

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mardi 8 mars 2011 à 09h51 - par  Michel GODRON

L’avant- dernière phrase du message de Jean-Luc est :
"Mon hypothèse est que l’on va passer d’une société qui a mis l’individu au centre des préoccupations (du moins en Occident) à une humanité où l’épanouissement du plus grand nombre à l’échelle planétaire doit primer. Reste à mettre en place la gouvernance équitable de ce monde avant – ou après ! – que l’Occident ne s’effondre…"

et j’ai envie de répondre en quatre temps :

1) J’écrirais plutôt "Mon espérance est que l’on va passer..." parce qu’une hypothèse est une proposition qu’un raisonnement (ou une expérience) permettra de reconnaître comme juste ou comme fausse.

2) Cette espérance est essentielle dans toute vie humaine, et elle est inhérente à la Bonne nouvelle de l’Evangile (alors qu’elle ne me semble pas très visible dans le bouddhisme ni dans l’islam ; elle est présente de manière diffuse dans le Tao). La Cité de Dieu d’Augustin d’Hippone avait d’ailleurs pour but d’exprimer cette espérance (dans le langage du Ve siècle !).

3) J’aimerais que nous analysions comment la TGS conduit à cette espérance, parce que les maillons de ce cheminement ne sont pas très apparents dans les écrits de Xavier.

4) Je souhaite que vous me donniez votre avis sur les trois points précédents, et, en attendant, j’essaie chaque jour de "réfléchir" à cette espérance dans mes contacts avec toutes les personnes que je rencontre, en évitant évidemment tout préchi-précha.

M. Godron

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mardi 8 mars 2011 à 10h24 - par  Jean-Luc LEFEBVRE

Bonjour Michel. Merci pour ton commentaire qui me pousse à préciser le fond de ma pensée. Ci-joint ma réponse point par point.

1) Tu parles d’espérance, plutôt que d’hypothèse, je te rejoins au sens où il s’agit plus d’une intuition profonde que d’une hypothèse froide de raisonnement. De plus j’adhère à cette vision d’une humanité en construction et je souhaite collaborer en esprit et en cœur à l’enfantement du monde nouveau, pour reprendre une image chère à Xavier. Par exemple, pour prendre un exemple en relation avec mon activité professionnelle, je défends l’idée que la guerre peut être éradiquée à terme, mais que ça ne se fera pas magiquement sans qu’un nombre sans cesse croissant de femmes et d’hommes militent et agissent dans le sens de cette espérance, en fait portée comme un projet qu’il s’agit de réaliser ensemble.

2) D’accord avec la force spirituelle particulière de la Bonne nouvelle de l’évangile, mais je pense également qu’un adepte d’une autre religion, ou même un agnostique ou un athée porté par l’amour du prochain, peut partager cette espérance et apporter sa contribution à sa réalisation.

3) Je laisse la réponse à Xavier, mais c’est un thème dont nous pouvons débattre lors d’une réunion du Groupe Béna.

Jean-Luc

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jeudi 10 mars 2011 à 12h00 - par  Jacques M

Bonjour à vous tous. Je tombe un peu par hasard sur l’échange ci-dessous, et je vous remercie de m’en donner copie... En ce début de carême, de remise en ordre intérieur, j’aimerais répondre aux questions posées par Michel Godron. Et je le fais en jet spontané, sans relecture ni corrections ultérieures. C’est donc une formulation tripale et non cérébrale .

L’idée fondamentale de Xavier, formulée par la TGS en tant qu’hypothèse, est que la création a un sens -direction et une régulation, à partir de sa constitution -même, dans la notion d’accord. Cette régulation se fait par seuils naturels successifs que l’humanité consciente doit agréer afin de devenir de plus en plus librement partie prenante de ce programme.
Mais sous-jacente à cette hypothèse, il y a la foi de Xavier en un Dieu créateur par amour, pédagogue et respectueux de l’humanité.
Pour moi, la TGS ne conduit pas et ne peut conduire à l’espérance. Seule la foi y conduit, et d’ailleurs l’espérance nourrit la foi qui nourrit l’espérance (je viens de lire à ce propos un très beau livre qui s’appelle "la liberté intérieure" du Père Jacques PHILIPPE, aux éditions des Béatitudes, et j’ose le qualifier de livre fondamental pour moi. A peine terminé, je vais bientôt le relire...).
Que l’espérance soit essentielle à la vie humaine, et à l’humanité de la vie, j’en suis bien d’accord, mais écrirais cela comme suit :
- toute vie humaine a besoin d’un sens qui l’éclaire.
- ce sens ne peut se fonder sur les ersatz que nous donne la société, qui a pu utiliser successivement le bonheur d’une vie future, les lendemains qui chantent, la consommation, le jeunisme....
- il est nécessaire, pour que le sens se précise et s’actualise, que l’être humain vive une espérance. Laquelle ? Privée ou sociétale ? Personnelle ou communautaire ? Intérieure ou explicitée ? ... Je ne crois pas qu’il y ait une réponse unique et/ou définitive si l’on reste dans le domaine profane. Mais ma foi m’en donne une, à laquelle je peux librement et pleinement adhérer.

Jacques

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dimanche 13 mars 2011 à 18h09 - par  Bernard C

Jacques, bonjour, heureux de te retrouver sur les "ondes de Béna". Pour moi ce que nous dit Xavier et la TGA (Théorisation Générale du concept d’Accord) est bien ce que tu dis "création avec sens-direction et régulation" mais dominante pour l’histoire naturelle. Pour l’histoire culturelle c’est une autre affaire car celle-ci étant écrite par l’EH doté de libre arbitre, c’est lui qui excerce l’influence dominante tant en direction qu’en régulation dont il se dote ou non. Ainsi je suis d’accord pour respecter totalement ta formule qui consiste à être guidé par ta foi ou, comme le dit souvent Xavier, par le médiateur Esprit Saint. Mais je suis d’accord aussi pour respecter toute autre formulation à condition qu’elle ait, au moins comme direction la construction de l’HUMANITE.
Amicalement Bernard

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samedi 19 mars 2011 à 18h52 - par  Jean-Luc LEFEBVRE

Bonsoir Bernard, Jacques et tous les autres. Je suis au fond d’accord avec vous deux, mais qu’est-ce que la TGA ? Aurais-je loupé un épisode de l’histoire de l’univers selon XS ? Amitiés. Jean-Luc Lefebvre

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lundi 21 mars 2011 à 18h45 - par  Michel GODRON

Bonjour à tous. Je reprends le point de départ proposé par Jacques , car il est fondamental :

1) "la création a un sens-direction et une régulation, à partir de sa constitution -même, dans la notion d’accord ... [et], sous-jacente à cette hypothèse, il y a la foi de Xavier en un Dieu créateur par amour, pédagogue et respectueux de l’humanité."
Personnellement, je suis d’accord (très clairement, et sans jeu de mots sur "accord"), avec cette hypothèse et avec ce qui est sous-jacent.

Cela rejoint exactement ce qu’en dit Platon :
Dans les célèbres passages du Timée et des Lois où il réfléchit sur l’origine du monde écrit : « Qu’est-ce qui "est" toujours, et n’a point de devenir ? ... [l’univers] est en devenir, car il est visible, tangible et il a un corps ; or tous les objets de cette sorte sont … de l’ordre du devenir et sujets à naître ... Sans doute, l’auteur et le père de cet univers, est-ce un travail que de le découvrir, et, une fois découvert, le révéler à tous est impossible. » (Timée, 27d et 28 bc). Et il conclut « Ce monde est en effet la plus belle des choses devenues, son auteur la plus bienveillante des causes. » (Timée, 29 a).

Il me semble que la théologie examine la part de rationalité qui peut exister dans le crédit accordé à l’hypothèse d’un Dieu créateur ; elle propose de réfléchir sur cette hypothèse, présentée dès le début du premier chapitre de la Bible par un récit de la création rédigé entre le VIIIe et le VIe siècle av. J.-C.
Plus récemment, la constitution Dei Verbum de Vatican I et II affirme que « Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine, à partir des choses créées. »

Serions-nous d’accord pour dire, en résumé :
- l’hypothèse de la création n’appartient pas au domaine scientifique, et, réciproquement, la Science ne peut pas démontrer que cette hypothèse est erronée ;
- cette hypothèse a pour origine une réflexion philosophique (Platon et bien d’autres) et elle est prise en compte en théologie.

2) Albert Einstein disait que le Créateur est subtil, mais qu’il est bienveillant puisqu’il a construit un monde intelligible.
Toute la science repose sur le fait que le monde est intelligible. Cela peut conduire à une réflexion épistémologique sur la TGS : la TGS rend un peu plus intelligible le monde où nous vivons. La démarche profondément logique de J.-F Froger et Robert Lutz (Fondements logiques de la physique, Editions DésIris, 2007 et La structure cachée du Réel, Éditions DésIris, 2009) va dans le même sens.

3) Serions-nous d’accord pour dire aussi que la création de l’univers par Dieu est finalement une hypothèse assez simple qui donne une cohérence profonde à l’évolution de l’univers, à la raison d’être de l’humanité et surtout au bonheur que nous cherchons tous malgré les souffrances de notre vie.
Rien n’empêche un scientifique rigoureux de réfléchir sur cette hypothèse qui n’est pas moins rationnelle que l’agnosticisme et il a ainsi quelques chances d’acquérir, au long du chemin qu’il parcourt dans sa vie, un peu de sagesse.

4) Le rôle de la foi et de l’espérance demandent une analyse délicate qui commence par deux questions : Qu’est-ce que la foi ? Qu’est-ce que l’espérance ?
Avant d’essayer de répondre à ces questions, j’aimerais savoir si d’autres membres du Groupe Béna acceptent de me donner leur avis sur les 3 points ci-dessus et de réfléchir sur les 4ème point...

M. Godron

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