Teilhard de Chardin : une lecture chrétienne de l’évolution par Gérard Donnadieu

mercredi 19 janvier 2011
par  Bertrand LALLOUR

Conférence, donné au Collège des Bernardins le 13 janvier 2011
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Pierre Teilhard de Chardin est un célèbre paléontologue jésuite, né le 1er mai 1881 à Sarcenat en Auvergne, mort à New York le 10 avril 1955. Immense savant reconnu mondialement, puissant auteur spirituel et mystique, il fut le premier à prendre conscience, dès les années 1920, que l’histoire de l’Univers et de la Vie racontée par la science est celle d’une montée de complexité et de conscience. Du big-bang au minéral, puis à la vie autonome et progressivement consciente chez les animaux supérieurs, enfin dans l’humanité elle-même, sommet de la complexité avec l’essor de la pensée réfléchie, un même processus est en oeuvre et se poursuit.
Ce qui conduit Teilhard à poser la question : la conscience, effet de la complexité, serait-elle le but de l’évolution ? C’est sa conviction intime. Elle nourrit son amour du monde, monde perçu comme un être en croissance et qui balbutie en l’homme ses premières paroles. Selon ses propres mots, « Tout ce qui monte converge » et l’Evolution converge vers l’Esprit. L’Homme apparaît alors comme la flèche pensante de l’Evolution, lui-même en marche vers un pôle spirituel supérieur que Teilhard identifie à la figure théologique du Christ Universel. Pour lui, c’est un Amour qui construit l’Univers, un Amour qui s’est manifesté petit enfant dans la crèche de Bethléem puis s’est révélé sous la figure du Ressuscité le jour de Pâques.
Pour Teilhard, le paradigme de l’Evolution concerne donc tous les degrés du réel, des plus élémentaires et matériels aux plus spirituels. On peut même dire qu’il nous propose une Phénoménologie intégrale de l’évolution.
En 1934, à Mgr. Bruno de Solages, alors recteur de l’Institut Catholique de Toulouse, qui lui réclamait un texte apologétique pour dire la foi chrétienne à des scientifiques, il répond par le superbe essai du Comment je crois dans lequel se trouve mis en exergue la célèbre confession de foi suivante :
Je crois que l’Univers est une évolution
Je crois que l’évolution va vers l’Esprit
Je crois que l’esprit culmine dans le Personnel
Je crois que le Personnel suprême est le Christ Universel.
Avant de présenter très brièvement, trop brièvement sans doute, les axes directeurs de la pensée de Teilhard, je voudrais d’abord dire quelques mots sur la manière dont cette pensée a été reçue dans l’Eglise ...

..... Suite de cette conférence dans le document ci-joint. Nous remercions Gérard Donnadieu pour son autorisation de publier son texte sur le Site du Groupe Béna.


Documents joints

Teilhard de Chardin : une lecture chrétienne (...)
12 pages

Commentaires

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samedi 22 janvier 2011 à 12h59 - par  Gérard BONNADIEU

Merci infiniment pour votre appréciation. Je suis heureux que vous ayez perçu l’aspect systémique de la synthèse teilhardienne. Pour moi, Teilhard est en effet un des grands précurseurs de la pensée systémique. Cela ressort d’une étude que j’avais réalisé voici une dizaine d’années dans le cadre de l’Association française de science des systèmes et dont je vous adresse en fichier joint une copie [cf Article 224 "SYSTEMIQUE et SCIENCE des SYSTEMES
Quelques repères historiques"
]
Bien cordialement.
Gérard Donnadieu

NB : Le 20/01/2011, Bertrand Lallour a écrit à Gérard Bonnadieu :
Je me permets de vous féliciter chaudement du texte de " Teilhard de Chardin : une lecture chrétienne de l’évolution", que j’ai pu lire grâce à Marie-Anne Roger. C’est un texte excellent, qui montre bien, entre autres, le coté systémique de l’œuvre teilhardienne.
Je le diffuse, pour ma part, auprès des membres du groupe Béna.
Avec mes félicitations pour votre action. B.Lallour.

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lundi 20 juin 2011 à 13h31 - par  MARCEL COMBY

Le rebondissement de l’Evolution

Un magazine catholique publie chaque semaine un interview d’une personnalité du monde littéraire, artistique ou politique, sous la forme d’un jeu de questions – réponses.
La dernière question est traditionnellement la suivante : « Qu’aimeriez-vous dire à Dieu ? ».
Je cite Frédéric Lenoir : « Pourquoi ne pas t’être débrouillé pour créer un monde avec moins de souffrance ? »
Je cite Michelle Torr : « Un vœu, une prière : Et si l’homme devenait sage ? Vaste programme ».
Je cite Sylvain Tesson : « Petit, au catéchisme, je m’étais interrogé : pourquoi nous arrive-t-il de faire le mal ? On m’avait répondu : parce que nous sommes libres. J’aimerais donc demander à Dieu : Pourquoi sommes nous libres ? ».

Pour chaque personne interrogée, toujours le même leitmotiv apparaît : une sorte de regret et de déception sur l’Homme de notre temps. Je pourrais moi-même multiplier les questions. Par exemple pourquoi une nation aussi évoluée que la France a-t-elle attendu le milieu du XXe siècle pour accorder le droit de vote aux femmes ? Pourquoi la plupart de mes camarades de lycée, élevés très sérieusement dans la religion chrétienne, ont-il plongé dans l’athéisme ? Mais il semble que l’ensemble des questions que nous nous posons montre comme une certaine ignorance de ce qu’est l’être humain en vérité. Nous sommes parfois inconscients, d’autres fois prisonniers de nos illusions, le plus souvent aveuglés par l’emprise de nos intérêts immédiats et victimes de nos contradictions.

Les grandes illusions ont de tous temps marqué l’Histoire de l’humanité tout en provoquant des ruptures célèbres comme la révolution copernicienne et celle de mai 1968.
L’homme est par nature un chercheur et un inventif. Il est attiré inexorablement vers un autre chose qui meuble ses rêves les plus fous. Il a par exemple imaginé un avenir radieux dans le phénomène de la « Colonisation » de certains peuples et plus tragiquement encore dans le massacre des Indiens d’Amérique. Toute l’histoire du monde en fut bouleversée et une nouvelle géopolitique a du naître pour faire face à de nouveaux problèmes. Paradoxalement émerge, non pas le chaos, mais un nouvel ordre des choses. L’homme inventif est aussi l’homme destructeur, destructeur de ce qu’il croit contraire à son bonheur et à sa liberté. On sait combien les idéologies, religieuses ou sociologiques, ont durant des décennies ou même des siècles, emprisonné la pensée dans des systèmes souvent très contraignants. Sont alors apparus sur le théâtre du monde occidental les fameux philosophes de la déconstruction avec Marx, Nietzsche, Derrida, Sartre,etc. Mais l’homme possède un besoin de règles et de sécurité : les turbulences de mai 68 ont connu un rebondissement spectaculaire dans les élections qui ont suivi. J’ai moi-même durant mes activités d’enseignant mesuré combien certaines situations ne pouvaient perdurer dans l’ignorance de ce que révèle en fait la nature humaine.

Dés son plus jeune âge, l’enfant fait l’expérience de la chute, de la souffrance, mais aussi celle de l’aventure désirée et voulue indépendamment de l’opinion du monde extérieur.
Il existe une finalité intérieure qui fait que le jeu de l’enfant devient sérieux ; la poussée de Vie, comme le dit Teilhard, tend à se transformer, à se retourner en élan de Vie ; et c’est cet élan de Vie qu’il faut sauver et faire grandir à tout prix au cœur de l’Homme. Pourquoi le mal ? pourquoi la liberté ? Pourquoi pas alors l’homme – robot pour qui la Terre ne serait qu’un manège de poupées sans âme ? C’est que l’Homme possède en soi ce que la Bible appelle un « abîme », abîme de vitalité, c’est-à-dire tout ce qu’il y a de plus profond en son être, aussi bien dans le sens du Bien que celui du Mal, sachant bien que ces réalités certes mystérieuses ont leurs racines dans le monde métaphysique. Ce que Teilhard désigne comme étant les rebondissements de l’Evolution, c’est le passage obligé par la double voie : effort et satisfaction, erreur et réinvention.

MARCEL COMBY

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